Je ne vais pas vous entretenir de performance, d’optimisation ou même de rentabilité. Je vais vous jaser de morale, d’idéaux, de valeur, de société. Parce que l’informatique au 21ième siècle, à l’ère de la société en réseau, ce n’est plus une affaire de spécialistes et de bureau. Les grandes questions éthiques en technologie ne sont plus l’affaire de sociétés privées ou de départements spécifiques. Quand tout le monde est en réseau, paye ses factures par Internet, échange avec ses enfants et ses amis, reçoit sa musique et ses films, téléphone par Skype à sa mère, “facebooke” ses anciennes flammes et publie sur Twitter les photos de son chalet… ça concerne tout le monde, tout le temps.

Je ne sais pas si vous me voyez venir avec mes grands sabots, mais il faut vraiment qu’on se parle, entre nous, de cette histoire d’Edward Snowden. Il est le canari dans la mine, mine de rien, rien à faire, faire semblant, semblant d’alarme, alarmant il me semble… Ce qui m’intéresse particulièrement dans cette histoire, c’est qu’elle est si vraisemblable. Je ne connais pas tous les détails, ni les tenants et aboutissants, les ennemis, les amis, les pactes, les trahisons. Mais pour avoir travaillé en informatique depuis 20 ans maintenant, il me semble que j’ai plein d’histoires invraisemblables pour la moyenne des ours et qui ne sont que business as usual pour les gens du milieu techno…

Ces grandes histoires d’espionnage américain, ça me fascine. Parce que je sais que tout ça est possible, presque facile même. Je ne suis pas surpris. Je ne connais rien des détails, mais cette histoire me semble presque banale, parce que tout ça je sais comment le faire, ou le faire faire, disons. Mais c’est loin un peu, tout ça. Même si on risque d’être tous sous l’emprise et le regard du big brother américain (sanctionné par le gouvernement) on se dit que ce n’est pas vraiment notre problème. C’est probablement un réflexe d’autruche, mais je vais en profiter pour faire une prise de judo, renverser l’argument avec sa propre inertie.

Mettons, je dis ça comme ça, que vous travaillez en informatique au Québec. Disons que vous vous posez des questions. Peut-être que vous travaillez sur un projet qui est payant, techniquement stimulant et même avantageux pour votre carrière. Mais si ce projet était moralement douteux? Si éthiquement vous êtes mal à l’aise avec la manière dont vous voyez les choses aller. Est-ce que vous seriez assez brave pour en parler? Pour dénoncer les abus? On ne parle pas de poursuite internationale avec des embassades russes ou écuadoriennes là, on jase, on jase. Mettons que vous avez l’option d’éviter que la suite de la commission Charbonneau qui se penche sur les abus dans les contrats publics, mettons que vous pouvez voir venir le tout et considérer vos choix, votre présent et votre avenir…

Parce que ça va arriver. C’est juste trop vraisemblable. Je ne connais pas tous les détails, ni les tenants et aboutissants, les ennemis, les amis, les pactes, les trahisons. Mais pour avoir travaillé en informatique depuis 20 ans maintenant, il me semble que j’ai plein d’histoires invraisemblables pour la moyenne des ours qui ne sont que business as usual pour les gens du milieu techno… Si vous avez l’impression que je me répète, que je copie-colle mes phrases, c’est parce que le macrocosme de ce qui se passe ailleurs est souvent un bon indicateur de ce qui se passe dans le microcosme local. Vous pouvez me dire (dans les commentaires ci-bas) que j’ai tort. Mais vous pourriez aussi m’en raconter des bonnes (je m’en doute). En tout cas, je dis ça de même… À bon entendeur, salut!