BLOGUE – Le samedi 18 octobre 2014 a eu lieu à Trois-Rivières le Conseil général 2014 du Parti libéral du Québec. Le plan du numérique y a été largement abordé et le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a indiqué plusieurs mesures mettant en vedette le logiciel libre.

L’État québécois souhaite notamment se doter d’un plan global de gouvernance numérique ouverte et intelligente en :

  • “[1.4] Faisant en sorte que soient intégrés dans tous les appels d’offres du gouvernement touchant les ressources informatiques et informationnelles des critères d’interopérabilité et en adoptant une pondération favorisant le logiciel libre […]” (ref 1)

Certes, une pondération favorable dans le cadre des marchés publiques est un pas en avant pour l’industrie du logiciel libre. Toutefois, le point le plus important à retenir ici selon moi est l’interopérabilité. L’interopérabilité est la capacité d’un logiciel de fonctionner avec d’autres systèmes et ce sans restriction d’accès ou de déploiement.

Les parcs informatiques des institutions publiques et privées étant aujourd’hui totalement hétérogénes, les différentes composantes se doivent d’interragir. En imposant des critères d’interopérabilité, le gouvernement impose en quelque sorte le logiciel libre

(Image : Thinkstock)
(Image : Thinkstock)

car ce dernier, de par la nature de sa licence, mais également le format de ses fichiers et le respect des protocoles et standards, est la solution la plus adaptée et la plus pérenne.

Également, l’interopérabilité est la pierre angulaire d’une concurrence équitable sur les marchés publiques. En effet, elle enraye toute adhérence technologique qui pourrait créer une situation de monopole. Elle est donc également synonyme d’économies pour l’État et les contribuables car plus il y a de concurrence plus les solutions proposées sont robustes mais également économiques.

  • “[1.5] Adoptant, au fil du renouvellement des licences, pour les logiciels de bureautique (logiciels de type Word, Excel, PowerPoint etc.), le logiciel libre comme logiciel d’usage par défaut. Tout ministère et organisme désirant utiliser un logiciel de bureautique à licence protégée devra alors justifier cette dépense en fonction de ses besoins réels.” (ref 1)

Le point 1.5 n’est pas sans rappeller l’intervention du colonel Xavier Guimard de la Gendarmerie nationale française, au Salon du Logiciel Libre du Québec, et cela pour deux raisons : M. Guimard a piloté la migration des quelques 80 000 postes de travail vers Linux à la Gendarmerie française; il a adopté une approche similaire qui visait à identifier dans le temps des inhibiteurs justifiant l’évaluation d’alternatives libres. Cela pouvait notamment se traduire par la fin du contrat de support logiciel, comme mentionné dans la mesure 1.5 du PLQ.

Je vous invite à lire l’article de Jean-François Ferland (ref 2) qui souligne adéquatement la stratégie mise en place par M. Guimard à la Gendarmerie française.

Il y a toutefois un petit bémol a considérer pour la mesure 1.5 : l’informatique actuelle n’est plus centrée sur le poste de travail, mais plutôt au niveau serveur via les applications qui sont accessibles directement sur Internet. Le poste de travail est aujourd’hui considéré comme un simple périphérique au même titre qu’un téléphone ou une tablette et ne devrait pas constituer un axe stratégique pour un gouvernement désirant bénéficier des meilleures technologies.

En conclusion, ces deux mesures sont encourageantes pour l’écosystème québécois du logiciel libre, le gouvernement du Québec et les citoyens québécois. Dans un contexte d’austérité, un tel virage serait synonyme d’économies pour le gouvernement et les contribuables, mais plus important encore, redonnerait au gouvernement le contrôle de son informatique. De plus, les marchés publics découlant de ses mesures permettraient de contribuer à l’essor de l’économie locale.

Il sera intéressant de voir concrètement comment cela va se traduire au cours des prochains mois et années.

Êtes-vous enthousiaste ou plutôt pessimiste?