2009, une année plutôt “vache”

S’il est permis de consulter les économistes pour prédire ce que la prochaine année nous réserve, il est tout aussi indiqué de demander aux astrologues, surtout s’ils sont chinois, de nous aider à faire le bilan de l’année qui s’achève. Analyse sous le signe paisible du buffle!

Pour quiconque entend faire un bilan 2009 en TI, la Chine s’impose d’entrée de jeu comme incontournable, comme source inépuisable de produits et de composantes. Si on se rapporte à son calendrier traditionnel, l’année 2009 (qui va du 26 janv. 2009 au 13 févr. 2010) est qualifiée d’année du buffle. Les astrologues mandarins ont prédit qu’elle serait difficile et que les reculs par rapport à 2008 seraient nombreux; ils ont même utilisé le mot « marasme ». Il suffit de se remémorer les onze derniers mois pour savoir que les astromanciens avaient vu juste dans leur boule de cristal: l’année du bœuf en a effectivement été une de « vaches maigres ».    Place au « petit-léger-brillant-mobile »   Personnellement, n’étant pas Chinois, je parlerai plutôt de « l’année du gnou », une sorte de buffle nomade qui passe son temps à courir d’un territoire à l’autre. Cela parce que le mot « mobilité » me vient immédiatement à l’esprit quand on me demande de caractériser 2009. C’est que la « kioutissime » tendance du « petit-léger-brillant-mobile » s’est solidement confirmée.   Je vous parle de téléphones intelligents, les iPhone 3GS, HTC Magic (Android), Palm Pre (webOS) ou Blackberry Tour 9630, d’appareils photo et de caméras, p. ex. les Zi8 de Kodak ou SX200 IS de Canon, de disques à grande capacité comme la nouvelle fournée à base de mémoire flash ou ces 2 ? portatifs pouvant contenir jusqu’à un téraoctet, de netbooks ou de blocs-notes minimalistes sous Windows XP ou Linux, de clés USB autonomes (avec système d’exploitation), de dispositifs de lecture comme le Kindle 2 d’Amazon ou le Reader de Sony, de baladeurs musicaux incroyablement petits comme le iPod Shuffle, des systèmes d’archivage aussi minuscules qu’efficace tels ceux de Clickfree et ainsi de suite. Oh! J’allais oublier le Wi-Fi, dont l’essor phénoménal en 2009 fait que l’on s’étonne quand on n’y a pas accès.   En ce sens, l’ère du gros PC de table et de ses « hénaurmes » périphériques semblerait en perte de vitesse. À voir! Chose certaine, c’est qu’il y a de plus en plus de gens qui sont très actifs sur le Net (Facebook, Twitter, Google Wave, etc.) à partir d’un téléphone intelligent ou d’un netbook; même que certains n’ont plus d’ordinateur à la maison. Moi? Si j’ai encore quelques tyrannosaures à mon service, mon iPhone 3GS m’a fait découvrir une nouvelle façon de travailler. Je peux désormais le faire d’où il me plaît : sous un arbre, dans un fauteuil de salon, sur un siège d’autobus ou de voiture, dans un salon de thé, chez Belle-maman, etc. Je n’ai qu’à connecter mon ordi portable au iPhone en mode « tethering » et, coucou, j’ai accès au Net. Dès lors, tout est possible.   C’est qu’en même temps, des services comme les Google Docs, Acrobat.comPhotoshop.com, Mobile Me et autres Office Live me permettent de travailler directement en ligne, d’archiver mes textes, mes clips ou mes photos, de les bidouiller, etc. Le mois dernier, je me suis présenté avec tout dans la tête, rien dans les mains, rien dans les poches (sinon un appareil photo contenant mes clichés de reportage), dans un resto-bar de Rimouski nanti de quelques postes Internet. Moins de trois heures plus tard, j’en ressortais après avoir écrit, documenté, illustré et publié une chronique pour Cyberpresse (remarquez que j’ai déjà passé trois heures dans un bar de façon un peu plus désopilante). En terme de qualité ou d’apparence, personne n’a vu de différence entre cette prestation et celles que je livre normalement de mon bureau suréquipé.   Et le meilleur est à venir ! Si vous n’avez pas encore entendu parler de Chrome OS, courrez lire sur cette question.  Voici un système d’exploitation complet, gratuit et multiplateforme qui sera entièrement tributaire du réseau Internet. L’essentiel de ses fonctions proviendra du cyberespace. De petits appareils pourront l’utiliser pour faire exactement ce que j’ai fait dans mon resto-bar. À plus forte raison que le « gros nuage », celui du service Web, pourrait devenir essentiellement fréquenté par du monde bien ordinaire et commencerait à se faire bouder par les milieux corporatifs. Ce n’est pas moi qui le dit, mais le gourou Mark Anderson. Chrome OS risque donc d’être très bien accueilli, d’ici six mois, quand Google en publiera la version définitive. Pour l’instant, il circule entre initiés en version bêta.

Ainsi, 2009 m’apparaît non seulement comme l’année où la notion de « mobile » est finalement devenue possible partout, en tout temps et à peu de frais, mais comme celle où les entreprises ont commencé à freiner leurs ardeurs par rapport au nuage. L’image qui me vient à l’esprit est celle de Ghost Riders in The Sky, cette légende texane de vaches endiablées galopant dans les nuages, une chanson folklorique qui pourrait faire de 2009 l’année du bovin fantôme au lieu de celle du buffle.   Et qui dit iPhone ou téléphone Android dit Apple AppStore ou Android MarketPlace. Prenons le AppStore. On y retrouve plus de 100 000 petits logiciels très souvent gratuits lesquels nous permettent littéralement d’accomplir tout ce qui est possible à partir d’une machine intelligente. Par exemple, je viens de m’acheter, ce matin, deux utilitaires faits ici chez nous. Le premier, Watson (1,99 $) me permet de calculer le taux d’alcool dans mon sang ou dans celui de mes amis. L’autre, Sélection Radio du Québec (0,99 $), fait exactement ce que son nom indique : je peux désormais écouter C’est bien meilleur le matin directement de mon iPhone.   Autre conséquence de la miniaturisation et du mobile, le phénomène du réseautage social a atteint, en 2009, des sommets invraisemblables. Pour s’en rendre compte, on peut aller méditer devant un tableau bien documenté qu’a établi le site PR 2.0 (Brian Solis) et sur la ribambelle de statistiques qu’on y trouve.   Après consultation, j’imagine que je dois être le seul journaliste sur la planète à ne pas avoir de compte Twitter, LinkedIn ou Facebook. Dans ces univers cybernétiques, une vie s’est organisée, des gens en tirent profit, des amis se font, se défont, se retrouvent, des professionnels en dépendent pour offrir de meilleures prestations, etc. En même temps, Google Wave, hybride entre le courriel, le clavardage et Twitter, est en train de se mettre en place. Les amateurs de réseautage social vont s’y retrouver en rangs serrés, comme ils l’ont fait pour Facebook et Twitter. Un chroniqueur plus méchant que moi pourrait alors maquiller l’année du buffle en « année du veau » !   Mais le costaud est encore très à la mode   Cela, bien entendu, fera une belle jambe à Windows 7 que Microsoft livrait en octobre dernier, et cela n’aidera sûrement pas Office 2010 qui apparaîtra au même moment. Il faut se rappeler qu’en 2009, le système d’exploitation le plus populaire a été Windows XP. Le mois dernier, si on se fie aux données de Market Share (Net Applications), il comptait pour 69,05 % du marché, soit une diminution de 5  % depuis janvier. Au même moment, Windows Vista était passé de 15,72 % à 18,55 % et Windows 7, un mois après son lancement, atteignait les 4 %, plus ou moins ex aequo avec le Mac OS X. En ce sens, 2009 a peut-être été l’année du lancement de Win 7, mais c’est surtout celle de la confirmation que Vista avait été un flop et celle du triomphe de Windows XP, un SE qui s’active dans sa huitième année de service.   Reste que Windows 7 est un SE costaud, tout comme d’ailleurs la version 10.6 du Mac OS X ou la 9.10 d’Ubuntu, des produits lancés au cours du même trimestre. Il y a un énorme marché pour ces SE, tant chez les consommateurs que chez les entreprises. L’informatique ennuagée, mobile et minimaliste aura beau progresser, le marché des ordis robustes demeurera important. Face à cette réalité, Intel et AMD ont devant eux une feuille de route imposante et des bijoux sont à venir. En 2009 par exemple, on a vu se répandre leurs Core i7 (Intel) et Phenom II (AMD).   En même temps, les écrans ACL se sont multipliés comme le A du H1N1. Produit qui coûtait la peau des fesses il n’y a pas si longtemps, le moniteur ACL est maintenant devenu une commodité très abordable. On ne se contente plus de 15 ou de 17 pouces. En 2009, les 20 et les 24 pouces se sont vendus comme des petits pains chauds, des petits pains vraiment pas chers. Et que dire des disques de un téraoctet vendus à moins de 200 $, des lasers multifonctions à moins de 250 $ ou des graveurs de DVD au prix de leur emballage cartonné? Le gros et le puissant demeurent en demande. Auquel cas – et quelle contradiction par rapport à la première moitié de cette chronique -, l’année du buffle pourrait être rebaptisé « année du “beu” » !   Le plus drôle dans cette histoire, c’est que 2008 a été « l’année du rat », et qu’elle suivait 2007 qui avait été « l’année du cochon ». Ça vous fait penser à une crise financière récente ?

Nelson Dumais est journaliste indépendant, spécialisé en technologies de l’information depuis plus de 20 ans.

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